Défense d'une magistrate victime de menaces sur les réseaux sociaux

25 août 2022

Auteur : Le Dauphiné Libéré

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Une enquête ouverte après les menaces de mort visant l'avocate de l'imam Iquioussen

Cible de nombreux messages de menaces et d'injures, l'avocate Lucie Simon, en charge de la défense de l'imam Hassan Iquioussen, a vu une enquête être ouverte après son dépôt de plainte.


Gérald Darmanin souhaite expulser l'imam Iquioussen de la France en raison d'appels à la haine et à la violence contre la communauté juive notamment.


Une enquête a été ouverte après la plainte de l'avocate Lucie Simon, cible de nombreux messages de menaces et d'injures depuis qu'elle défend l'imam Hassan Iquioussen, que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin souhaite expulser, a indiqué jeudi le parquet de Paris.


L'enquête, ouverte notamment pour menaces de mort ou d'atteinte aux biens dangereuse pour les personnes envers un avocat, a été confiée à la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP). Me Lucie Simon avait déposé mi-août une plainte contre X pour mise en danger, menaces et cyberharcèlement.


« Depuis l'annonce, via Twitter par Gérald Darmanin, de la volonté du ministère de l'Intérieur d'expulser M. Iquioussen, notre consœur est personnellement la cible d'un odieux déferlement de haine et d'injures, en raison de sa seule qualité d'avocate », avaient dénoncé mardi ses avocats, Nino Arnaud et Romain Ruiz, dans un communiqué.


Le 28 juillet, le ministre avait annoncé l'expulsion de M. Iquioussen, prédicateur dans le Nord et réputé proche des Frères musulmans, pour des appels à la haine et à la violence contre la communauté juive notamment. Le tribunal administratif de Paris a suspendu le 5 août cette demande, estimant que cette expulsion porterait une « atteinte disproportionnée » à la « vie privée et familiale » de l'imam, âgé de 57 ans et né en France, mais de nationalité marocaine.

Une magistrate également menacée

Le ministère de l'Intérieur a fait appel. Le Conseil d'Etat examinera ce vendredi sa requête. « L'attitude du ministre de l'Intérieur qui médiatise à outrance des cas individuels et part en croisade sur les réseaux sociaux contre les personnes qu'il considère unilatéralement comme ennemis de la République ou comme étant “une minorité d'emmerdeurs”, met incontestablement de l'huile sur le feu », avait réagi mercredi le Syndicat des avocats de France, dont Me Lucie Simon est adhérente.


Dans un entretien paru dans le Journal du Dimanche du 21 août, Gérald Darmanin avait notamment accusé Hassan Iquioussen d'être de « ceux qui sèment un jihadisme d'atmosphère ». Il déclarait également : « Nous devons à l'immense majorité des étrangers qui aiment notre pays, et veulent y construire leur avenir et celui de leurs enfants, d’être fermes avec la minorité d'emmerdeurs. »


Une magistrate, parmi les trois qui ont signé l'ordonnance de suspension de l'expulsion de l'imam, a elle aussi été menacée et vu son nom publié sur Twitter. Une plainte a été déposée le 6 août. « Ma cliente s'inquiète naturellement d'avoir été personnellement ciblée sur les réseaux sociaux pour avoir rendu une décision de justice motivée en droit », a réagi l'avocate de la magistrate, Me Alice Ouaknine.


La juge, « qui porte un nom à consonnance étrangère, s'interroge sur les raisons qui ont poussé l'extrême droite à citer uniquement son nom alors que la décision a été rendue collégialement », a ajouté Me Ouaknine.